Le Laboratoire Freeland poursuit l’ambition de cultiver un climat d’innovation, à l’instar des travaux de recherche-action développés depuis 2012 par Missioneo Group. L’objectif principal du Laboratoire Freeland est d’appréhender finement l’émergence et le développement des formes atypiques d’emploi, et ce, à partir des travailleurs qui les expérimentent au quotidien et des structures juridiques qui les accompagnent et leur garantissent ou non des formes de protection sociale.
Par rapport aux enjeux socio-économiques relatifs aux mutations de la sphère professionnelle (digitalisation, ubérisation, mondialisation), le Laboratoire Freeland se positionne sur six grands axes thématiques autour des travailleurs indépendants et des nouvelles formes d’emploi :
Comprendre les changements relatifs aux manières de travailler dans le contexte de transformation de la société contemporaine, et être en capacité d’esquisser les tendances de demain.
Une focale particulière est orientée sur les différentes formes de travail indépendant existantes et saisies par les travailleurs. Le cas du portage salarial est la première des problématiques du Laboratoire Freeland : en tant que système de gestion hybride, à la croisée du salariat et de l’entrepreneuriat, cette nouvelle forme d’emploi semble répondre aux besoins de l’individu contemporain, notamment en termes de sécurisation de sa trajectoire et de garanties en matière de protection sociale. En ce sens, la conceptualisation du portage salarial, en tant que dispositif contractuel et gestionnaire créé dans un contexte national particulier (celui de la France et de ses acquis sociaux), appelle à être définie.
D’autre part, cet axe questionne la nature, les caractéristiques et les enjeux de l’économie de plateforme, émergente et abondante : s’agit-il de nouveaux statuts d’indépendants et d’une nouvelle organisation du champ productif ?
Ce deuxième axe s’intéresse aux dimensions psychosociales de la figure du travailleur freelance : qu’il s’agisse de son rapport au travail, à l’activité, tout comme les relations sociales qu’il développe dans le cadre de ses missions (structure juridique qui encadre son activité, collègues et collaborateurs, clients, etc). La centralité du travail de cette catégorie hybride de travailleurs est ici questionnée en filigrane.
Le Laboratoire Freeland se donne pour objectif d’analyser l’engagement professionnel, organisationnel et affectif des travailleurs indépendants à l’égard non seulement de leur métier et de leur éthos professionnel, mais aussi des entreprises et/ou institutions dans lesquelles ils assurent leurs prestations, et également du personnel d’accompagnement de la structure juridique qui les héberge, et enfin de toutes relations sociales tissées dans le cadre de leur activité autonome.
Aux côtés de cette dimension relevant de l’investissement de soi dans le statut d’indépendant, le Laboratoire Freeland s’intéresse à la dimension économique du phénomène, en prenant en compte les conséquences sociales à l’œuvre en matière de précarité, de pauvreté, ou encore d’incertitude et de sentiment de solitude.
Dans ce même axe, le Laboratoire se penche sur les dimensions identitaires des individus dont la trajectoire « passe par » ou « s’installe dans » l’indépendance professionnelle. Est-ce le même métier que l’on réalise et assure en tant que salarié, en tant que freelance, en tant que « salarié porté » ?
Dans la continuité du deuxième axe, le Laboratoire Missioneo s’intéresse ici aux parcours biographiques des travailleurs autonomes. Il s’agit de mieux appréhender les trajectoires de chacun, en caractérisant le motif d’entrée dans l’entrepreneuriat, en identifiant et accompagnant la verbalisation d’événements de vie saillants et d’incidents critiques, en constatant le sens et l’enjeu des transitions professionnelles à l’œuvre, en questionnant les capacités de résilience suite au vécu d’expérience d’échecs.
En arrière-plan, c’est leur rapport au monde du travail (qu’il soit enchanteur ou au contraire désenchanteur) qui sera mis en exergue, au prisme de l’expérience vécue en tant que professionnel autonome. C’est ainsi l’occasion de mettre à l’épreuve l’entrée dans l’entrepreneuriat en tant que situation choisie, subie, voire rationalisée a posteriori.
Enfin, le Laboratoire s’intéresse au choix d’un statut plutôt qu’un autre.
Considérant le développement de plus en plus patent de l’externalisation de la main d’œuvre très qualifiée de la part des entreprises privées et publiques, le Laboratoire Freeland se donne pour objectif de mieux comprendre les motifs du recours aux indépendants et, par là même, d’appréhender la gestion managériale de ces travailleurs externes et considérés comme autonomes.
Par ailleurs, l’engouement envers l’indépendance professionnelle pose de nombreuses questions relatives à la sécurisation des parcours, notamment en matière de protection sociale. Les travailleurs autonomes ne bénéficient pas des mêmes modalités de protection en fonction de la (ou les) modalité(s) d’emploi pour la(les)quelle(s) ils ont opté. Le Laboratoire Freeland s’intéresse également à cette caractéristique qui a un impact certain sur la qualité de vie des travailleurs indépendants.
Il s’agit d’appréhender les contours du schéma d’intégration des consultants autonomes au sein des organisations qui facturent leurs prestations. Par exemple, il s’agit de comprendre comment se co-construit la relation de travail entre le travailleur indépendant et le donneur d’ordre. De la mise en relation à la négociation des tarifs, des liens relationnels avec les salariés « internes » au management de la force de travail, le Laboratoire Freeland ambitionne de caractériser cette situation hybride de travail. L’influence des modèles tripartites de relations contractuelles de travail (intérim, portage salarial) fait également partie de cet axe de recherche.
Dans le cadre de ce dernier axe, il s’agit de se pencher sur les caractéristiques individuelles des travailleurs indépendants. Par exemple, identifier quels sont les traits de personnalité et les sentiments identitaires des travailleurs indépendants. De plus, comment les sentiments identitaires peuvent-ils évoluer dans le temps ? Dans le cas – probable – où une large diversité de traits pourraient être identifiés au sein de cette population, lesquels pourraient alors être corrélés à une réussite dans le statut, ou à un plus grand confort dans l’activité ?
De même, le Laboratoire cherche à identifier quelles sont les compétences et aptitudes nécessaires à la réussite d’une activité en tant que travailleur indépendant. Cette première compréhension ouvrant la possibilité de rechercher comment les accompagner au mieux dans l’acquisition de ces compétences, et plus largement comment faciliter et sécuriser une transition professionnelle vers l’indépendance.
Le Laboratoire Freeland se veut interdisciplinaire par définition, c’est-à-dire qu’il a pour volonté et vocation de faire dialoguer les différentes disciplines de sciences sociales, et particulièrement les ancrages disciplinaires des chercheurs internes au Laboratoire et des chercheurs membres du Conseil Scientifique de la Fondation Travailler autrement.
Le Laboratoire Freeland est ouvert à toutes les méthodologies de recherche, de manière à utiliser celle(s) qui semble(nt) particulièrement pertinente(s) pour chaque objet de recherche.